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Rosetta est un film franco-belge réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne et sorti en 1999.
Synopsis
Rosetta, jeune femme de 18 ans, vient d'être licenciée de son emploi en usine, en fin de période d'essai. Mise en colère par l'annonce de son licenciement, la police est obligée de l'évacuer. Elle est déprimée, pauvre et vit dans une roulotte avec sa mère, alcoolique.
Rosetta mène tous les jours une guerre sans relâche pour trouver du travail. Elle lutte contre sa mère. Elle trouve un autre emploi,le perd, le retrouve. Elle est obsédée par la peur de disparaitre, par la honte d'être une déplacée. Elle voudrait une vie « normale », comme les autres, parmi eux.
Commentaires
Après
La Promesse qui eut une audience confidentielle,
Rosetta popularisa la "patte Dardenne", très naturaliste et proche des principes du
dogme 95 ou du cinéma social à l'anglaise, à savoir la juxtaposition d'une narration accessible à tous avec un sujet grand public à un style sec, nerveux et documentarisant. Caméra à l'épaule, les réalisateurs collent convulsivement à leur personnage principal dans des situations de la vie quotidienne où s'entrecroisent le banal et l'extraordinaire (scène de travail à l'usine conclue par un licenciement qui tourne mal) et où s'entrechoquent des mouvements contraires tels que la passivité et l'agitation des corps, les sentiments de rage et ceux d'une joie gênée, la solidarité de classe et la méchanceté intéressée... Récompensé par une
Palme d'or surprise au Festival de Cannes 1999 (alors que tout le monde attendait au tournant le sacre de
Pedro Almodovar avec
Tout sur ma mère), le film fut violemment critiqué en son temps. Il fut taxé d'une certaine complaisance et de "misérabilisme" dans ce portrait d'une jeune chômeuse
wallonne interprétée par
Emilie Dequenne (également récompensée à
Cannes), âgée de 18 ans à l'époque et dont ce fut la toute première apparition à l'écran. La direction du festival avait d'ailleurs exprimé son mécontement face à ce choix, ce qu'a expliqué l'écrivaine
Yasmina Reza, membre du jury cette année-là, dans un entretien encore récent: "Bien sûr, et ce n'est une surprise pour personne,
Gilles Jacob était en profond désaccord avec notre palmarès ...". Le film eut néanmoins ses adeptes et sut trouver son public.
Avis de la presse en 1999:
- Jean-Jacques Rue de Cine Rom a dit que "...en constatant la maîtrise époustouflante de la mise en scène et la force troublante du jeu d'Emilie Dequenne, on comprend mieux pourquoi la radicalité de Rosetta ne peut que déranger les tièdes."
- Philippe Paumier de Ciné Live a dit que "Les Dardenne réinventent un cinéma du quotidien authentique, poignant et forcément exigeant dans la mesure où le spectateur a tout loisir de construire le hors-champ."
- Pierre Vavasseur du journal Le Parisien a dit que "Non seulement le film n'a pas volé sa Palme d'or à Cannes, ni Emilie Dequenne son prix d'interprétation mais grâce à leur remarquable actrice, ces deux chirurgiens du social que sont les frères Dardenne filment à coeur ouvert.
- Marine Landrot de Télérama a dit qu' "Après la " psychanalyse" sauvage du jeune Igor de La Promesse, contraint de " tuer " son ordure de père pour devenir un homme bien, Rosetta est une nouvelle plongée dans l'inconscient meurtri d'une enfant trop vite montée en graine.
- Frédéric Bonnaud du journal Les Inrockuptibles a dit que "Si Rosetta impressionne autant, c'est parce qu'il ne cède jamais à l'explication. Tout à la poursuite de sa propre rudesse formelle (...), le film va jusqu'à refuser les charmes faciles de l'empathie."
- Laurent Marchi, du Planète Cinéma, a dit que " Rosetta est le résultat d'un extrême travail qui ne laisse pas la place à l'improvisation. Le paradoxe et la beauté du travail tenant justement dans cette impression de vérité alors même que tout est préparé, pensé, écrit et répété."
Fiche technique
- Titre : Rosetta
- Réalisation : Luc et Jean-Pierre Dardenne
- Scénario : Luc et Jean-Pierre Dardenne
- Production : Luc et Jean-Pierre Dardenne, Michèle et Laurent Pétin ; productrice associée : Arlette Zylberberg
- Photographie : Alain Marcoen, cadre : Benoît Dervaux
- Son : Jean-Pierre Duret
- Régie : Philippe Graff
- Décors : Igor Gabriel
- Costumes : Monic Parelle
- Montage : Marie-Hélène Dozo
- Mixage : Thomas Gauder
Distribution
- Émilie Dequenne : Rosetta
- Fabrizio Rongione : Riquet
- Anne Yernaux : la mère
- Maxime De Raes : le patron
- Bernard Marbaix : le gardien du camping
- Frédéric Bodson : le chef du personnel
- Florian Delain : le fils du patron
- Christiane Dorval : première vendeuse
- Sophia Leboutte : la femme virée
- Jean-François Noville : l'employé de l'ONEM
Influences
Rosetta est un film très influencé par le néoréalisme (
Vittorio De Sica,
Roberto Rossellini), le cinéma de
Maurice Pialat (
L'Enfance nue et surtout
Passe ton bac d'abord) et le film
Mouchette de
Robert Bresson. Le cadreur Benoît Dervaux a une grande responsabilité dans l'évolution de l'oeuvre des réalisateurs. Ce film a aussi des similitudes avec
Klinkaart (1956) de Paul Meyer.
Autour du film
Le film a lancé la création en
Belgique du « Plan Rosetta » favorisant l'insertion des jeunes sur le marché de l'emploi et leur procurant une expérience professionnelle dans les six mois suivant leurs études. L'objectif a depuis été élargi et ce plan promeut à présent le recrutement de tous les jeunes chercheurs d'emploi.
Référence
Voir aussi
Cinéma belgeLiens externes